Vous avez dit « compétences langagières » ?

Le travail social, on y parle et on y écrit, beaucoup.

C’est d’ailleurs une des forces de votre métier que de pouvoir dire les choses autrement, les faire voir sous un autre angle.

C’est le langage – les mots que vous mettez sur les situations, les dispositifs qui sont mis en place pour partager ou transmettre les observations, les analyses et les perspectives d’évolution – qui construit le sens de votre travail, pour vous et pour les personnes que vous accompagnez.

Bien sûr, c’est souvent difficile parce qu’il y a des attentes fortes, des enjeux aussi, et puis parce qu’on ne peut guère se reposer sur ses acquis. La manière d’écrire évolue avec la société, et le regard que l’on pose sur les situations et les personnes n’est plus le même aujourd’hui qu’il y a 20 ans, ou même 5 ans. On n’utilise plus les mêmes mots, ni les mêmes tournures de phrases parce qu’on n’a plus les mêmes choses à dire. Il faut écrire et parler autrement pour construire un regard neuf. Et c’est vrai que ce n’est pas si facile de se dégager des habitudes, de ce qu’on sait faire, ou au contraire d’acquérir les manières de dire d’un secteur qu’on vient d’intégrer et qui évolue sans cesse.

 

Les compétences langagières, qu’est-ce que c’est ?

Ce sont d’abord les compétences liées à la situation de communication. Celles qui permettent d’adapter son discours à la situation, de prendre en compte son destinataire, ses collègues, la personne dont on parle, de sélectionner les informations qui seront utiles et de sacrifier celles qui sont intéressantes mais qui ne sont pas nécessaires dans cette situation de communication-là.

Ce sont aussi les compétences liées à la production du texte ou de l’interaction. Comment on s’adresse à l’autre ? Comment on l’écoute ? Comment on reformule ses propos ? Comment on organise son texte ? Comment on rapporte les propos de l’autre ? Quel mot ou quelle forme syntaxique on choisit pour décrire une situation ou transmettre un point de vue ?

Ce sont encore les compétences proprement linguistiques, de maîtrise de la langue, l’orthographe, la syntaxe, la ponctuation.

Nous avons tendance à penser que les compétences langagières sont essentiellement des compétences individuelles et on essaie de les développer en espérant qu’elles s’agrègent et entrent en synergie.

Mais la modification du travail, son organisation, les enjeux autour des écrits demandent la mise en œuvre de compétences collectives. Il ne suffit plus de savoir écrire ou parler en réunion, il faut aussi savoir collaborer par l‘écriture, échanger des points de vue et en faire quelque chose, en garder trace et pouvoir les utiliser pour aller plus loin.

Aujourd’hui, avoir des compétences langagières, ce n’est pas seulement savoir bien écrire, mais savoir écrire avec les autres, et organiser la parole pour construire collectivement l’information, du recueil de l’observation au projet. C’est aussi savoir utiliser le langage et les outils d’écriture, papier ou numériques pour collaborer, gagner du temps, faire avancer la réflexion collective.